Ceci est la version française d'un post sur mon blog en anglais.
En
tant que résident en France depuis 1982, je suis particulièrement
enthousiaste à l'idée que c'est peut être la France qui pourrait nous
conduire hors de la crise de la dette. Certains événements récents me donnent des raisons réelles d'être optimiste. Dans ce post, je vais parler de la possibilité d'utiliser la Caisse des Dépôts pour emprunter de l'argent à la BCE. Dans
un second post, je vais commenter l'impact des propositions de
Nicolas Sarkozy concernant l'introduction d'une taxe sur les transactions financières.
Le
premier événement majeur a été la publication dans Le Monde la semaine
dernière d'une tribune de Michel Rocard et Pierre Larrouturou. Michel Rocard est un homme politique français très connu et très respecté qui fut premier ministre sous-François Mitterand. Pierre
Larrouturou est également un économiste très respecté - auteur de
plusieurs livres, dont un très récent «Pour eviter le Krach Ultime" est fortement à recommander - voir ici.
Rocard et Larrouturou mettent le doigt sur un fait vraiment incroyable qui a été ignoré par pratiquement tout le monde. Ils soulignent le scandale des taux d'intérêts demandés aux États, des taux d'intérêt de 600 fois celles offertes aux banques commerciales.
Ils ont également souligné un point j'avais également noté dans mon blog du 1er Janvier. Le point de vue -largement accepté-
que le traité de Lisbonne interdit à
Mario Draghi et de
la Banque de prêter aux gouvernements, n'est qu'une imposture. C'est un mensonge propagé sans relâche par les médias, les politiciens, et par le gouvernement allemand.
En
fait, le paragraphe 2 de l'article 123 de ce traité autorise
expressément la BCE et les autres banques centrales à prêter à des
«établissements publics de crédit». Et
quand j'ai expressément demandé à la BCE, mercredi dernier, si
un tel établissement de crédit pourrait prêter à des gouvernements, la réponse a été claire. Ils
seraient traitées comme des banques, et en tant que tels, ils sont
donc libres d'utiliser l'argent de la BCE comme ils l'entendent.
Par
conséquent, dans mon post de jeudi denier ("EUREKA") j'ai soutenu l'idée que, puisque la
BCE a déjà prêté des quantités d'argent illimitées d'argent à toute
banque qui le demande - 479 milliards d'euros au 21 Décembre - une autre journée «portes ouvertes» étant programmé pour le 29 Février, la solution se trouvait là. Les établissements
publics de crédit comme, par exemple, la Caisse des Dépôts et Consignations en France
peut parfaitement emprunter tout l'argent qu'ils veulent auprès de la BCE, aux mêmes conditions que celles offertes aux banques
commerciales (1% sur 3 ans), le prêter ensuite directement à leur gouvernement, qui peut alors payer la totalité de sa dette auprès des banques. Les
banques n'auraient plus l'emprise qui leur permet d'étrangler
les états, et qui leur permet de dicter les politiques
gouvernementales. La menace des agences de notation de dégrader le cote
triple A accordé aux états, avec comme impact l'envolée des coûts d'emprunt n'existerait plus. C'est
en effet en utilisant ce type de chantage que les banques ont réussi à extraire € 4300 milliards des poches des contribuables de la zone euro entre 1995 et
2010, un nombre qui constitue 3,73% du PIB de l'ensemble de ces 17 pays. Et
avec l'augmentation des taux d'intérêt que les banques ont été en
mesure d'imposer depuis le début de la soi-disant "crise Eurozone", les sommes
siphonnée par les banques a été portée à € 391 milliards
par an, soit 4,25% du PIB.
Comme je l'ai souligné, cela ne peut pas être justifié. Rappelez-vous
que, la plupart du temps, les banques qui «prêtent» de l'argent aux
gouvernements ne possède pas "réellement" l'argent qu'elle prêtent. Elles ont juste à le créer de toutes pièces par le «miracle» de la "fractional reserve banking". Et lorsque elles ont besoin d'augmenter leurs finances un peu plus pour maintenir
leurs réserves au niveau minimum imposé, il leur suffit se solliciter
Mario Draghi pour qu'il leur donne tout ce qu'ils
veulent à 0,5% ou 1% d'intérêt. Et ceci avec quasiment aucun risque. Depuis
15 ans, et alors que la probabilité de défaut souverain était effectivement nul, ils ont écrémé entre 250 et 320 milliards d'euros de l'économie de la
zone euro chaque année. Maintenant, ils sont allés trop loin en réclamant des taux totalement obscènes - 18% dans le cas de la Grèce par exemple. Mais ils ont quasiment tué la poule aux œufs d'or car l'arnaque est enfin découverte par des gens comme Rocard et Larrouturou (et plus modestement par moi dans
une certaine mesure). Le Magicien d'Oz a fait tourné l'arnaque pendant des décennies, mais l'arnaque est enfin dévoilée. Et les 99% n’accepteraient plus cette aberration.
Alors voyons comment cela pourrait fonctionner en France. La France doit actuellement au système bancaire un total de 1591 milliards d'euros. Supposons
que la Caisse des Dépôts et Consignations, établissement public créé en 1816, se présente à
la BCE le 29 Février pour déclarer qu'il souhaite emprunter 1591
milliards d'euros. Comme l'offre de la BCE est illimitée, cela ne devrait pas poser un problème. Pour la BCE il suffit de taper une rangée de chiffres dans un tableur, et bingo, l'argent est là. C'est ce que les banques centrales peuvent faire.
Supposons
maintenant que l'argent soit immédiatement transféré au gouvernement
français au même taux d'intérêt (avec peut-être un petit
peu en sus), et que cet argent soit immédiatement utilisé pour rembourser tous
les prêts en cours avec le système bancaire. L'avantage
immédiat et évident: le gouvernement français n'aurait
besoin de payer les intérêts qu'au taux de la BCE, c'est à dire environ 1%, au
lieu des 3,41% actuellement imposés par les marchés. Cela
permettrait d'économiser au contribuable français 70% du coût des intérêts qui vont actuellement directement aux banques - soit environ 38 milliards d'euros par an. Pourquoi passer par les banques quand vous pouvez obtenir la même somme pour beaucoup moins cher. Il suffit de shunter l’intermédiaire. Après tout, les banques ne font absolument rien pour justifier les revenus massifs qu'ils obtiennent.
Cette opération aurait un deuxième impact. Les banques qui avaient prêté au gouvernement français pourraient récupérer la totalité de leur argent, ce qui permettrait de
stabiliser le système bancaire en réduisant l'exposition des banques à
la dette souveraine. Notez au passage que, si vous pouvez penser que remettre1591
milliards aux banques serait leur donner beaucoup d'argent pour jouer à nouveau, la plus grande partie de cet argent est purement fictive, destinée à disparaître au moment où les dettes sont remboursées. En d'autres termes, l'opération aurait effectivement peu d'impact inflationniste - l'une des préoccupations du gouvernement allemand. En
fait, utilser l'argent de la BCE pour rembourser la dette des
gouvernements est infiniment mieux pour la stabilité de la monnaie que de
simplement donner de l'argent aux banques, comme Mario Draghi et Mervyn King
sont si heureux de faire.
Je ne vois absolument aucune raison pour ne pas utiliser cette possibilité. Si
le gouvernement français ne le fait pas, c'est qu'il n'agit pas dans l'intérêt des contribuables français.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire